« Layer by Layer », exposition autour des œuvres de Cheong Soo Pieng

Ce premier chapitre introduit une série de quatre expositions mettant en lumière le travail d’artistes Singapourien. Cheong Soo Pieng débute avec 30 œuvres choisies pour décoder sa pratique et ses recherches autour de la matière.

Cheong Soo Pieng

Artiste incontournable de la scène artistique singapourienne. Entre années 50s et 80s, Cheong Soo Pieng est particulièrement connu pour sa contribution à la construction du style artistique Nanyang, qui combine la peinture à l’encre traditionnelle chinoise et des techniques de peintures plus moderne de l’Ouest comme celles du cubisme, de l’expressionnisme ou du surréalisme.

L’approche originale : entre art et science

L’exposition Layer by Layer aborde un angle peu conventionnel pour comprendre son travail : l’approche scientifique du conservateur de musée. Le duo conservatrice et commissaire nous font le tour de l’exposition nous dévoilant avec passion leurs trouvailles dans la matière et nous partageant ainsi les fruits de 5 ans de recherche sur le process artistique de l’artiste.

Nous apprécions ce regard nouveau sur le métier de conservateur qui ne se réduit pas à la réparation de tableau mais s’étend à la compréhension holistique du processus créatif basé sur l’étude des matières, médiums, et supports, utilisés par l’artiste.

Le parcours est construit en 3 parties :

- Ce que disent les matériaux d’une œuvre. Différents supports, différentes peintures témoignent de réalités historiques, sociales et de préférences de l’artiste et de ses contemporains. Un bon exemple montré ici est la technique de marouflage sur plaque de Masonite, très utilisé dans les années 50 à Singapour, car ce matériau était alors abordable et facilement accessible, car beaucoup utilisé dans la construction et résistant à l’humidité. Ce qui n’est pas un détail avec le climat de Singapore.

- Le moment où l’œuvre est considérée terminée. Avec des techniques d’infrarouges certaines œuvres de Cheong Soo Pieng ont dévoilé de toutes autres scènes dans la préparation de la toile. L’évolution de sa signature et de la position de celle-ci dans le tableau est également un point important à noter dans l’étude de sa pratique. Par exemple, il passera d’une signature monogramme chinois à une signature en alphabet plus ou moins au centre de sa composition au fur et à mesure du temps.

- La matière peinture et comment grâce à la science aujourd’hui nous pouvons étudier les différentes couches appliquées sur la toile. L’exposition met à disposition des microscopes numériques offrant à voir les dessous de l’œuvre et permettant de reconnaître les différents matériaux, supports, et mediums utilisés pour peindre. Un bon exemple montre 3 types d’encre reconnues par prélèvements. Une belle expérience rendant visible l’invisible.

Un format interactif

L’exposition se veut très interactive et propose de toucher, voir au microscope ou aux rayons X les différents matériaux, ce qui donne un aspect très rationnel, comme un dessous des cartes ultra tangible aux œuvres d’art.

Dans les chaussures du conservateur

La visite se termine par un workshop - également proposé aux écoles primaires et secondaires - qui met en lumière l’anatomie de l’œuvre d’art et la photographie techniques. La conservatrice invite l’audience à peindre soit même son œuvre, la signer et recouvrir d’une autre peinture, la photographie infra-rouge permettra de reconnaître et apprécier les différentes étapes menant à l’œuvre visible.

Le conservateur d’art se définit comme docteur et détective ! Un juste milieu entre art et science.